Une des caractéristiques dans l’oeuvre d’Annie Ernaux est l’autofiction. Toutefois, l’objet du récit de l’autofiction ne se limite pas seulement aux thèmes familiaux comme dans Une femme mais s’étend sur le social hors du moi comme pour les voyageurs du RER dans Journal du dehors et La vie extérieure. Car à la différence du point de vue sociologique chez Bourdieu, l’écrivaine remarque l’importance du social saisi par l’intime ainsi que celle de l’intime provenant du social. Cette réciprocité entre l’intime et le social produit des émotions qui s’accompagnent de sensations. Cela est une stratégie particulière de son écriture. Dans cet article, nous envisageons le processus de la naissance d’une émotion provenant du social sous les trois aspects suivants : en premier, par l’insertion de mots sensuels, voire sexuels dans la description des personnages historiques, le narrateur rend ces personnages privés. En deuxième, par la narration sans subjectivité du narrateur au moyen du discours direct et de la juxtaposition d’actes de personnages inconnus, le narrateur s’approche du monde extérieur. Ces deux cas nous montrent une réduction de la distance entre l’intime et le social, ce qui produit l’émotion. Enfin, la mention des tableaux de femmes dans le texte montre non seulement la diminution de la distance entre les deux, mais aussi un des processus de création des oeuvres chez Ernaux. Par exemple, le « moi dédoublé » découvert par le narrateur dans le tableau de Tanning, se reproduit en tant que « moi multiple » dans une scène sociale chez Ernaux. C’est cette pluralité de moi, cette assimilation de l’autre, qui élargit la possibilité de l’autofiction d’Ernaux.
雑誌名
長崎外大論叢
雑誌名(英)
The Journal of Nagasaki University of Foreign Studies